Les censes de Lys

Jusqu'à la Révolution française, l'ensemble des terres de la commune est réparti entre six grandes fermes ou censes, appartenant aux seigneurs de Roubaix et de Lannoy et à de gros propriétaires. Ce sont les censes du Gauquier, d'Outrebecque, de la Bruanderie, du Montois, de la Pouillerie et du Château. Quelques hectares dépendaient de la cense du Coulombier située à Leers.

C'est à partir du début du dix-neuvième siècle que ces grandes propriétés vont être morcelées et que le nombre de fermes va augmenter. Nous pouvons en situer un grand nombre, grâce aux souvenirs des anciens lyssois, ainsi que par les annuaires Ravet-Anceau et les articles des journaux locaux.

 


Ferme Barbieux

Ce bâtiment, situé 117 rue Jean-Baptiste Lebas, est l'ancienne ferme du Château, également dénommée, au XVI ème siècle, Maison et Basse-cour de Chantraine. C'était, avant la création de la ville de Lannoy, la résidence du seigneur de Lys.

Sur le plan cadastral de 1824, elle comprend de vastes bâtiments entourés de douves. Cette ferme, la seule encore en activité dans la commune en 1999, est la propriété de la famille Barbieux. Entre 1900 et 1940, la superficie des terres exploitées est de 17 hectares, elles s'étendront ensuite jusqu'à 30 hectares, puis se réduiront progressivement avec la création de la zone industrielle et l'installation des entreprises.
Pendant la première moitié du siècle, les principales cultures sont : le blé, le trèfle, la luzerne, les betteraves, les pommes de terre, les choux rouges à collet et l'avoine pour les chevaux. Vers 1955, l'arrivée des tracteurs amène la suppression des chevaux et un changement dans le type de culture : blé, escourgeon, orge hâtif semé en automne, betteraves, foin, maïs et petits pois.
L'étable fut détruite par un incendie en 1930. Un taureau ne put s'en échapper et périt carbonisé. Ce bâtiment fut reconstruit, il est donc nettement plus récent que le reste de la ferme.

En 1998, la surface cultivée sur Lys n'est plus que de 5 000 m² et ces terres appartiennent à la S.E.M.L (Société d'Economie Mixte Locale). La construction de l'antenne sud et du lotissement des Verdiers a isolé la ferme en pleine ville; elle ne conserve plus que les pâtures qui l'entourent, entre les rues J.B. Lebas et Gutenberg, une autre rue du Fresnoy, près du pont enjambant la voie rapide et celle de la rue Fénelon que tous les lyssois connaissent bien, car la famille Barbieux la prête tous les ans au Comité des fêtes du quartier du Fresnoy. Leur tracteur sert également ce jour-là pour remorquer les chars décorés pour la circonstance.

Aujourd'hui, l'exploitation se réduit à l'élevage de volailles et de quinze vaches laitières qui sont nourries d'herbe, de foin, de tourteau, de pulpe de betteraves, de drèches (résidus de brasseries) et de maïs ensilé.

En attendant la fin des travaux de restauration de la ferme du Gaucquier, les anciennes écuries de la ferme Barbieux abritent les deux chevaux de la police municipale.

 


Ferme du Montois

Parfois appelée ferme du Manteau, elle est citée dès le XVIème siècle et les bâtiments, toujours existants, se situent au bout de la rue d'Isly. Depuis 1748, cette ferme appartient à la famille Lebrun. Les dernières terres cultivées se trouvaient le long de la rue de Belfort, mais ont été vendues en 1998 pour y construire des logements.

Ferme d'Outrebecque

Elle se trouvait au 45 de la rue de Toufflers, sur l'actuelle zone industrielle, approximativement à l'emplacement occupé actuellement par la société de vente par correspondance " Les Trois Suisses ".

A la fin du dix-neuvième siècle, les propriétaires sont la famille DAZIN-FLIPO qui possède en outre les plus grandes censes de la région. Cette ferme appartient ensuite au Comte de MONTALEMBERT, puis à Maître MARTIN, notaire à Lille et enfin à la Communauté Urbaine de Lille. En 1900, elle était occupée par Paul SALEMBIER, puis par son fils Henri. En 1939 l'occupant est Sylvère D'HULST, puis le couple L. Eloy-D'HULST.

 


Ferme du Gauquier

Déjà citée en 1401, cette cense appartient alors à Maître WATTIER de COURCELLES et fait partie du fief des MILLESCAMPS.

Au début de ce siècle, elle est exploitée successivement par la famille HESPEL, mais est tenue par Camille MALLEGHEM. La ferme appartient ensuite à la famille RUSCART. Les terres sont vendues vers 1970, pour réaliser le centre commercial et les bâtiments sont repris par la C.U.D.L., (Communauté Urbaine de Lille) mais continuent à être utilisés par Jean-Pierre RUSCARTt pour y entreposer le matériel de son entreprise de travaux. Les bâtiments laissés à l'abandon se dégradent rapidement et une partie de la toiture s'effondre lors d'une forte tempête.

Fin 1997, la cense est rachetée par la commune lyssoise, dans le but d'y installer une ferme pédagogique. Les travaux sont réalisés par une équipe de quatorze jeunes de Lys et des environs. Ce chantier d'insertion est dirigé par l'association lyssoise " E.S.P.O.I.R. " (Ensemble Solidarité Pour Orientation Insertion et Reclassement).

Ferme de la Bovandrye

Propriété au début de ce siècle de Mademoiselle GOODTSCHALCK, rentière à Bruxelles, la cense était située entre les rues de la Justice et du Parc des Sports. Les derniers occupants connus sont G. TOULEMONDE-BOSSUT, puis Pierre TOULEMONDE en 1950.

Au fil des siècles, le nom de cette cense s'est transformé en Bruanderie, puis en Buanderie et c'est en souvenir de cette dernière appellation que le promoteur a donné le nom de " Lavandières " au lotissement qui est construit sur son emplacement. D'après le cadastre de 1824, cette cense est également appelée " Gris Chapeau ", probablement en raison de la couleur de sa toiture.

En juin 1910, une étable qui renfermait onze bêtes à cornes, pour la plupart des vaches laitières, est anéantie par un incendie. Le bâtiment rectangulaire de 10 mètres de long sur 5 mètres de large pouvait contenir dix-neuf bovins. Trois vaches périssent dans les flammes, malgré la promptitude des secours. Les dégâts sont évalués à 10 000 francs et sont couverts par une assurance. Le feu semble d'origine criminelle.

Ferme Bayart

Située 5 rue de Wattrelos, les bâtiments sont actuellement occupés par le restaurant grill " La ferme du Colombier ". Elle appartient en 1880 à P.M. Gallois, puis à son fils Henri.
Le journal de Roubaix du 27 janvier 1886 cite qu'il est constaté, dans les étables de cet agriculteur, la présence de la pneumonie et indique que quatre vaches ont dû être abattues, ce qui représente une perte de 2.400 francs pour le propriétaire. Le journaliste ajoute que les étables ont été désinfectées et les animaux séquestrés, mais qu'il n'a pas été détecté d'autres cas.

En 1900, la ferme est tenue par L. Gallois, ensuite par Monsieur Crespel, puis par Monsieur Catrix et enfin par Henri Bayart.

Ferme Claus

Cette exploitation, située au n° 112 de la rue du Fresnoy est tenue en 1880 par L. DELGRANGE, puis en 1900 par son fils Etienne en 1939 par J. CLAUS et ensuite par sa veuve jusqu'en 1960. Les bâtiments subsistent. Ils ont été aménagés en maison d'habitation.

Ferme Delescluse

Au n° 29 de la rue du Fresnoy, la ferme appartient en 1880 à Pierre Delescluse. Nous avons très peu d'informations sur cette ferme, mais le Journal de Roubaix en mars 1903, rapporte ce fait divers. Ce cultivateur harnache son cheval dans la cour de la ferme, lorsque l'animal, dont le mors s'est brisé, prend la fuite en entraînant derrière lui son tombereau. Dans sa course, il brise la clôture du verger et va s'élancer sur la route où jouent une vingtaine d'enfants. C'est alors que le douanier CROC, de la brigade de Leers, s'élance bravement à la tête du cheval qui s'abat, mais se relève pour fuir à nouveau ; le douanier saisit la longe de l'animal qui est enfin arrêté et remis à son propriétaire.

La ferme reste la propriété de la famille DELESCLUSE jusqu'en 1950, elle n'est plus citée par la suite dans l'annuaire Ravet-Anceau. L'activité cesse et les bâtiments sont transformés en maison particulière .

Ferme Wittebole

Egalement installée dans le quartier du Fresnoy, cette ferme était communément appelée " Le Petit Louage ".
En 1917, elle est tenue par la veuve Wittebole qui demande à l'autorité allemande de pouvoir employer son fils comme ouvrier agricole, lui évitant ainsi de travailler pour l'occupant. Cette ferme se trouvait sur l'actuelle zone industrielle, probablement sur une partie des terres de la cense d'Outrebecque.

Ferme Six

Elle se situait au bout de la rue Gutenberg, à la jonction avec le sentier du Brigadier.

Cette ferme appartient, à la fin du dix-neuvième siècle à Pierre Six-Lebrun. En 1896, les bâtiments qui datent du début du siècle et s'étendent sur quinze cents mètres carrés, sont entièrement détruits par un incendie. Seules les bêtes à cornes, deux chevaux et quelques objets mobiliers ont pu être sauvés, mais sept ou huit moutons ont péri dans les flammes. Il s'agissait probablement d'un acte de malveillance, tandis que le feu commençait à diminuer d'intensité, un autre incendie se déclara à moins de quatre cents mètres, au hameau de Cohem.

En 1920, l'exploitation est dirigée par la veuve Six-Lebrun et en 1939 par ses enfants, sous le nom de la ferme Six frères et soeurs. L'exploitation cesse son activité vers 1960 et les terres sont alors reprises par la famille Barbieux. Les bâtiments, laissés à l'abandon, sont démolis pour permettre le passage de l'Antenne Sud.

Ferme Dumortier

Située au n° 22 de la rue Gutenberg, entre la vieille place et l'ancienne église, cette petite exploitation appartient à la famille Dumortier. Les bâtiments sont ensuite transformés en graineterie et abritent aujourd'hui un commerce de jouets et peluches.
Ferme Dubar

Située dans le hameau de Cohem, les cultures s'étendaient jusqu'à l'ancien Tir national de Roubaix (complexe sportif Jules-Ferry). En 1880 elle appartient à Pierre DUBAR, puis en 1920 à sa veuve et en 1939 à leur fils Louis. La ferme a donné son nom au chemin appelé " carrière Dubar " Entre 1950 et 1960, cette exploitation est la propriété de J. CNUDDE.

 


Ferme Delporte

Toujours au hameau de Cohem, ses bâtiments forment l'angle des rues de Cohem et du Vert Pré. Cette ferme appartient en 1880, à Henri ECHEVIN, puis à son fils Pierre. Ce dernier fut Conseiller municipal de Lys pendant plus de trente ans. C'est en remerciement des nombreux services rendus à la municipalité que son nom fut donné à une rue de la commune. La ferme revient ensuite à une de ses filles qui avait épousé Jules DELPORTE, originaire d'Annappes et l'exploitation prend alors le nom de ferme Delporte. La ferme fut ensuite reprise par leur fils Jean DELPORTE en 1959. Jean DELPORTE épousa Anne Marie DELAMETTE. L'activité de cette ferme cessa en 1975.

Ferme Masquelier

Elle est citée à partir de 1920. Les bâtiments situés rue Franklin existent toujours, mais la ferme n'est plus en activité, les terres ayant été vendues à des sociétés immobilières.

Ferme Bossut

Au début du siècle, cette ferme appartenait à Julien LAGACHE de Roubaix et était exploitée par la famille BOSSUT-LECOMTE. Elle se situait à l'emplacement actuel du garage Duponchel, rue Négrier.

En octobre 1900, un incendie criminel menace 18 000 bottes de blé et d'avoine, mais grâce à la vigilance d'un voisin et la promptitude des secours venus en particulier de l'usine Boutemy, les dégâts ne sont évalués qu'à une vingtaine de francs.

En décembre 1902, des malfaiteurs s'introduisent dans la ferme pour y enlever une vache. D'après le Journal de Roubaix C'est Monsieur Arthur BOSSUT fils, qui en donnant le réveil du matin, s'aperçut du vol. Après quelques recherches infructueuses dans l'obscurité, Monsieur BOSSUT partit, comme d'habitude, conduire le lait à Roubaix. En arrivant au Pont-Rouge, il surprit un homme qui se dirigeait vers Lys, avec sa vache. L'individu, reconnaissant sans doute le propriétaire de la bête, prit la fuite et Monsieur BOSSUT put ainsi rentrer en possession de sa vache. En 1950, la ferme est exploitée par L. BOSSUT-DUPLOUY.

 


Ferme Vercamer

Cette exploitation agricole appelée " La Petite Ferme " est citée à partir de 1920. Elle est tenue depuis cette époque par la famille Vercamer. Son activité a cessé depuis de nombreuses années, mais les lyssois connaissent bien, rue Jules Guesde, face à la rue Anatole France, cette basse masure où l'on peut se procurer des oeufs et des volailles d'excellente qualité.

Ferme Gossart

Près du riez Delbecque, cette ferme est exploitée de 1880 à 1920 par Henri GOSSART. Elle n'est plus citée par la suite.

Ferme Carette

Située rue du Général Leclerc, au hameau du Nouveau Monde, près de l'ancien moulin, cette ferme appartenait en 1880 à la famille CARETTE. Elle était équipée d'un moulin à vapeur qui fut détruit en 1886 par un incendie. Les pertes s'élevaient à 35 000 francs et étaient couvertes par une assurance pour un montant de 25 000 francs seulement.

Au cours de la Première Guerre mondiale, en réponse à une question de la kommandantur allemande, le Maire de Lys Monsieur BOUTEMY indique qu'il se trouve un moulin dans la commune, rue de Lannoy (rue du Général Leclerc). Ce moulin était capable de moudre quinze à vingt quintaux de céréales, il précise que sa production a été arrêtée par ordre de l'autorité allemande.

Les autres fermes

Le journal de Roubaix cite, le premier mars 1889, une ferme près de la gare, exploitée par Alphonse Fauvarque, où a lieu une série de vols de poules et de coqs. En 1905, il est encore fait mention de cette ferme, au sujet du vol d'un chien d'une valeur de 50 francs qui aurait été dérobé par Théophile S......, un ancien domestique de la ferme.

Lors de la Première Guerre mondiale, sont également cités comme agriculteurs : Messieurs Paul ROUSSEL et DAUCHY-GOSSART dont les vaches sont réquisitionnées. Monsieur Jérome VERRIEST, éleveur-chevilleur, possédait une étable rue Gutenberg, non loin de la rue de Cohem. Il élevait des bovins dans des prairies situées en angle des rues du Colombier et du sentier du Brigadier.

Maraîcher

Cette activité maraîchère installée carrière Dubar était exploitée avant 1925 par Monsieur ENDURANT, puis de 1925 à 1944 par Cyrille VANDENBUSSCHE, de 1944 à 1994 par ses fils Marcel et André. Elle est tenue depuis par Marc VANDENBUSSCHE. Les bâtiments étaient appelés jadis " le vieux manoir ", ensuite " Le Petit Louage "